Fin janvier 2025, j’ai été invitée à parler de mon parcours au sein d’un groupe de parole réunissant des personnes traversant diverses situations de vie.
L’objectif de mon intervention était de partager avec les personnes présentes comment finalement j’avais réussi à transformer l’épreuve du burn-out en chance à saisir pour redonner du sens à ma vie, ceci grâce à la connexion à la nature.
Avec mon témoignage, j’espère modestement avoir pu les inspirer à trouver en nature le soutien qui leur fera du bien dans leurs propres parcours de vie.
J’espère également vous inspirer vous, cher lecteur, chère lectrice, à faire de même.
INTRODUCTION EN MUSIQUE
Afin de permettre aux personnes de se poser calmement, je leur ai d’abord fait écouter une chanson que j’adore, Naturaleza de l’artiste Danit.
Je vous invite à vous assoir confortablement, à bien respirer, à fermer les yeux et à lancer la chanson.
PARTAGE DE MON EXPERIENCE
Du burn-out au sens et à la renaissance
Tout a fini et commencé un certain jour de janvier 2020, quand le burn-out a été officiellement déclaré par mon médecin. Cela faisait 3 ans ½ que je vivais du harcèlement moral professionnel et que je n’écoutais personne, ni mon médecin qui a voulu m’arrêter je ne sais pas combien de fois, ni mon entourage qui me voyait m’éteindre à petit feu.
Ce fameux jour, on m’a enlevé la dernière tâche qui m’était attribuée, ayant été dépossédée de tout progressivement. J’ai senti soudainement que le moment était venu de quitter cet écosystème toxique. Je me suis levée d’un bond et je suis partie. Arrivée à la maison, j’ai écrit un mail à mon médecin. Elle me recevait dans la journée, connaissant mon histoire. S’en sont suivis 12 mois d’arrêt maladie et la signature d’une convention de départ.
Dans les premiers temps, j’étais perdue, déconnectée de presque tout, et je ne savais plus comment me ressourcer. Rien ne m’intéressait, rien ne me touchait vraiment, ni dans un sens ni dans l’autre.
Je me souviendrais toujours d’une des premières prescriptions de mon médecin : allez dans la nature. Son conseil, sur le moment, m’a semblé anodin. Au début, je n’éprouvais rien de particulier. La forêt semblait être un simple espace où je pouvais poser mes pieds, un lieu extérieur à moi qui ne m’engageait pas vraiment émotionnellement.
Mais, étrangement, en dépit des drames liés au COVID-19 et de la crise mondiale qui s’annonçait, un phénomène imperceptible se produisait en moi. Au fil des semaines, la paix qui régnait dans la nature — un soleil doux, les chants des oiseaux, les arbres en pleine expansion — commençait à nourrir quelque chose en moi. Peu à peu, je me suis rendu compte que la simple présence de la nature avait un effet bénéfique sur ma forme physique et émotionnelle, et je me suis surprise à ressentir de petites améliorations, des sensations de légèreté que je n’avais pas connues depuis longtemps, autant dans mon corps que dans mon cœur et mon esprit.
La nature comme guide
J’ai découvert la nature d’une manière totalement différente et cela a été un tournant. La forêt est devenue un espace sacré. C’est un lieu où je peux être libre, moi-même, sans rôle, fonction, attente. Simplement me retrouver, me ressourcer, et comprendre que la guérison ne vient pas seulement de soutiens extérieurs et des mes propres ressources, mais aussi d’une reconnexion profonde avec ce qui nous entoure, ce qui fait partie de nous les humains.
La nature est aussi devenue un refuge, un miroir de mon état intérieur, et finalement, une véritable guide dans mon cheminement.
Ce que j’ai ressenti dans la forêt n’était pas juste une impression. Avec le temps, j’ai découvert que ces effets étaient soutenus par des études scientifiques qui validaient ce que je vivais sur le terrain. Mais paradoxalement, ce n’est pas la science qui a renforcé mon lien avec la nature, c’est l’expérience directe, les moments passés en forêt, au contact de la terre, des arbres, du ciel.
Les expériences que j’y ai vécues n’étaient pas toujours joyeuses, loin de là. Il m’arrivait souvent de pleurer, parfois longtemps, et mes larmes semblaient se mêler à l’air, à la terre, comme si la nature absorbait ma douleur. Ces pleurs étaient d’une intensité rare, comme s’ils étaient bloqués depuis trop longtemps dans ma vie quotidienne. C’était un processus de guérison lent, mais profond, et au fur et à mesure que les larmes coulaient, je sentais un poids s’alléger.
Un refuge dans le chaos
En pleine tempête émotionnelle, la nature m’a offert un espace de calme et de stabilité. Là où tout semblait complexe dans ma vie, elle était simple et immuable. La forêt n’attendait pas que je sois “productive”, “forte” ou “efficace”. Elle m’a accueillie telle que j’étais : fatiguée, fragile, vulnérable.
Ce lien avec la nature m’a également ramenée à un autre épisode difficile de ma vie : une dépression vécue en 2001-2002. À l’époque, je voyais la nature comme un simple décor pour mes promenades, un espace extérieur où je me rendais avec mon fils. Si j’avais eu, à ce moment-là, la même perception que celle née en 2020, je suis convaincue que ma guérison aurait été plus rapide. La nature n’était alors qu’un cadre, une simple toile de fond, alors qu’aujourd’hui, elle est une véritable partenaire dans ma vie.
Un miroir de mon état intérieur
La nature m’a aussi permis de me reconnecter à mes émotions. A travers de nombreuses métaphores – arbres dépouillés de leurs feuilles, puis en pleine expansion printanière, explosion estivale, flamboiement automnal – j’ai appris à percevoir mes propres cycles et à vivre plusieurs saisons émotionnelles comme faisant partie d’un processus naturel.
Les enseignements de la nature, une alliée pour guérir
La nature m’a enseigné des leçons profondes, comme par exemple :
• les arbres ne luttent pas contre le vent, ils se plient pour mieux résister;
• les rivières trouvent toujours leur chemin, même si elles contournent des obstacles;
• une graine ne devient pas un arbre en un jour ; elle a besoin de temps, de patience et de bonnes conditions pour s’épanouir.
Ces analogies simples et puissantes m’ont aidée à réapprendre à vivre. J’ai commencé à m’autoriser à prendre soin de moi, à ralentir, et à écouter mes besoins profonds.
De l’expérience personnelle à une activité professionnelle
En redécouvrant la nature, je n’ai pas seulement trouvé un moyen d’aller mieux ; j’ai aussi retrouvé celle que j’étais avant le burn-out : joyeuse, active, curieuse et ouverte. Cette reconnexion m’a permis de redonner du sens à ma vie et m’a guidée, comme une évidence silencieuse, vers ma nouvelle mission : aider d’autres personnes à trouver, elles aussi, leur chemin de guérison grâce à ce lien profond avec la nature, les aider à se reconnecter à la nature, pour leur offrir un espace de pause où elles puissent être simplement elles-mêmes, sans pression, sans jugement, sans attentes, dans un espace entre deux mondes, dans un entre-deux où l’on peut se réinventer, se reconstruire, et retrouver son essence.
Cette mission s’est matérialisée en 2021, quand j’ai découvert le concept des bains de forêt. Cela m’a tout de suite enthousiasmée.
Traduction du japonais Shinrin Yoku, le bain de forêt consiste en une immersion sensible, sensorielle, émotionnelle et poétique grâce à diverses invitations à …. La durée est d’environ 3 h ½. Les bienfaits de cette immersion sont multiples : détente corporelle, apaisement des émotions, clarté mentale, reprendre confiance, entre autres. Cela dépend des personnes bien sûr mais en général, ces effets perdurent de nombreuses heures après le bain de forêt.
J’ai lu quelques livres et études, vécu un bain de forêt….et j’ai décidé de me lancer, forte de mon vécu personnel. Puis j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin, de me former pour disposer de clés de compréhension plus profondes et d’outils pratiques qui me permettraient d’accompagner les autres avec confiance et expertise. C’est ainsi qu’en 2022, j’ai suivi une formation certifiante de guide de bains de forêt et sylvothérapeute.
Depuis, j’ai guidé des dizaines et des dizaines de personnes dans l’expérience délicate du bain de forêt, développé des accompagnements individuels et créer ma propre formation de sylvothérapie pour transmettre théorie et pratique.
Ce qui réunit toutes ces activités ? L’envie de porter, ensemble, la voix de la nature qui murmure à notre oreille :
“écoute-moi, je te fais du bien”.
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